Assistantes maternelles : Fabien Gay appelle à une revalorisation du métier
Introduction
Dans un contexte de crise du recrutement et de forte précarité, le sénateur Fabien Gay (PCF, Seine-Saint-Denis) tire la sonnette d’alarme sur la situation des assistantes maternelles. Un plaidoyer pour la revalorisation d'un métier essentiel à l’éducation des tout-petits.
Interrogé par Chrystel Jaubert, il revient sur les impayés, le manque de reconnaissance, la montée du privé lucratif et la nécessité d’une politique ambitieuse pour la petite enfance.
La suite de cet entretien est à lire également sur le blog : https://sap-cgt.social/2025/11/06/petite-enfance-et-austerite-repenser-les-aides-publiques-et-legalite/
Un métier essentiel, mais fragilisé
Des impayés qui mettent en péril le quotidien
En mai dernier, pourquoi avez-vous interpellé Catherine Vautrin, alors ministre de la Santé, du Travail, des Solidarités et des Familles, sur la situation des assmats ?
Le métier d’assistante maternelle représente près de la moitié des modes de garde pour les parents dans mon département de la Seine-Saint-Denis, département parmi les plus jeunes de France. Au niveau national, les proportions sont du même ordre, ce qui représente donc un véritable enjeu. Les difficultés dans ce secteur ont donc un impact direct pour les enfants. J’ai interpellé la ministre compétente car j’ai reçu de nombreux témoignages d’assistantes maternelles en difficulté financière en raison d’impayés de la part de parents employeurs. J’ai découvert que de nombreux parents n’honoraient pas leurs salaires malgré des déclarations en bonne et due forme en ligne sur le site de l’Urssaf. Cette situation n’est pas acceptable et j’ai donc légitimement relayé les préoccupations de cette profession.
Un fonds d’urgence pour sécuriser les revenus

Ainsi, j’ai donc proposé à Mme Catherine Vautrin, désormais ministre démissionnaire, de répondre à ces impayés par un fonds d’urgence, comme suggéré par cette profession. En effet, ne pas percevoir de salaire, au-delà du fait que tout travail mérite salaire, c’est mettre en difficulté le travail quotidien des assmats, mais cela a aussi un impact pour les enfants car la rémunération permet aussi d’acheter du matériel, de préparer les repas pour les tout-petits. C’est un engrenage dangereux en termes sanitaire et social. Je sais que c’est un métier très contrôlé et qu’à ce titre, chacun doit être responsable. L’idée de ce fonds serait également de permettre à des familles qui sont de bonne foi et qui font face à une difficulté de pouvoir le signaler. Il ne s’agit pas d’opposer les assmats et les familles.
Revaloriser le métier et son environnement
Un statut plus sécurisé et attractif
Que préconisez-vous pour répondre aux enjeux de salaires, de conditions de travail et d’attractivité posés par les assistantes maternelles et au-delà, par l’ensemble des métiers féminisés ?
Je suis favorable à créer un statut beaucoup plus sécurisé pour les assmats. Le taux horaire pourrait être revalorisé mais leur environnement également. Mettons-y de l’ambition notamment pour contrer les déterminismes sociaux.
Des maisons d’assmats pour rompre l’isolement
Les maisons d’assmats qui se développent de plus en plus grâce à la volonté des villes sont une bonne idée, elles sont une sorte de mix entre l’accueil individuel et collectif qui permet aux professionnelles de sortir de l’isolement caractéristique de leur profession et dont elles souffrent. Et c’est aussi bénéfique pour les enfants.
Enfin, il faut continuer de développer le travail partenarial avec les PMI, les médiathèques. Le métier d’assistante maternelle évolue, ce n’est pas seulement de la garde d’enfants mais un métier, parmi d’autres, d’éducation et d’éveil pour les jeunes enfants. Nous ne cessons pas de dire que beaucoup de choses se jouent au premier âge. Et effectivement, ce sont des métiers très majoritairement occupés par des femmes, et comme pour d’autres secteurs, de ce fait, on considère qu’ils peuvent être mal payés, au prétexte de qualités pseudo naturelles du « care ». Il est urgent de revaloriser tous ces métiers et de favoriser une meilleure reconnaissance. C’est indispensable pour les rendre attractifs.
Le risque du tout-privé dans la petite enfance
Des dérives inquiétantes dans les crèches lucrative

La part du privé lucratif ne cesse d’augmenter, largement portée par les aides publiques. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Chacun·e se souvient des scandales de certaines crèches privées qui ont eu des pratiques de maltraitance vis-à-vis d’enfants. Il est important de développer la formation et une convention collective ambitieuse avec un haut niveau de rémunération. Il n’est pas normal que le taux horaire soit si faible et si éloigné du taux horaire du SMIC et qu’on laisse une concurrence s’établir entre les professionnelles. Pour autant, les parents ne roulent pas non plus sur l’or. Les aides publiques ne sont donc pas mauvaises en soi, il faut un contrôle pour exiger un taux d’encadrement élevé, un appui aux assmats et aux familles.
Mais ce contrôle n’est possible qu’avec des institutions publiques (PMI, CAF, collectivités locales) qui ont des moyens.
Pour un service public de la petite enfance renforcé
La puissance publique doit garantir l’équité, la qualité d’accueil et la formation.
La revalorisation des assistantes maternelles et la régulation du secteur passent par un véritable service public de la petite enfance, solidaire et accessible à toutes et tous.
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