Le service à la personne pour les nul(les). Panorama d’un secteur labyrinthique.
Le secteur du service à la personne est hétérogène : 26 métiers, plusieurs conventions collectives, des acteurs publics, privés et particuliers-employeurs. Alors que les besoins explosent, le secteur est en crise, victime de son manque d’attractivité.
C’est un fait, la population vieillit. Les besoins de prise en charge de la perte d’autonomie et de la dépendance explosent. Les services publics ne suivent pas. L’augmentation de l’emploi des femmes a entraîné une hausse de la demande de modes de garde pour les enfants de moins de trois ans.
La conséquence ? Un marché des services en pleine expansion, une forte hausse des effectifs, souvent de façon un peu anarchique, mais pas de réponse adaptée et suffisante aux besoins.
La loi Borloo de 2005 a condensé les services à la personne en un nouveau champ professionnel fourre-tout.
Aide à la personne ou services de confort, 26 métiers composent aujourd’hui le secteur.
Si juridiquement, il est impossible de les différencier, un critère commun s’impose pourtant. L’aide à la personne correspond aux activités de maintien à domicile de personnes âgées en perte d’autonomie, de handicapés et de garde de jeunes enfants.
C’est une réponse à des besoins humains, sociaux et sociétaux. Dans ce champ, rien n’est simple. En effet, de nombreux acteurs interviennent : les organismes publics, les associations, les particuliers-employeurs et les enseignes privées. La répartition est la suivante :
- le privé représente 13 % du secteur et ne cesse de progresser ;
- la part des particuliers-employeurs baisse, mais représente tout de même 58 % du secteur ;
- l’associatif et le public en représentent 29 % (chiffres de 2015).
Les conditions de travail du salarié dépendent très largement de l'employeur.
Plusieurs conventions collectives cohabitent. Par exemple, l’emploi des salariés du particulier-employeur est régi par deux conventions collectives : assistantes maternelles et salariés du particulier-employeur.
Les entreprises de services à la personne ont leur convention collective propre, de même que les associations et les organismes publics.
Selon le territoire, le salaire horaire ou le secteur d’intervention peuvent varier.
Pour les demandeurs, ce sont les conditions d’accès, les coûts et le reste à charge qui varient d’un département à l’autre.
Globalement, le service à la personne est un secteur peu attractif qui peine à recruter et cumule bien des difficultés : prédominance féminine, temps partiel, faible niveau de rémunération, conditions de travail délétères, forte amplitude horaire, temps d’attente entre deux missions non rémunérés, déplacement pas ou mal indemnisés, isolement… Le règne de la précarité.
Face au vieillissement, les structures publiques sont insuffisantes : établissements saturés, personnels sous-payés et épuisés, sous-effectif chronique.
Les enseignes d’aide à domicile s’engouffrent dans la brèche et multiplient les recrutements rapides, de personnels peu qualifiés, sans réelles formations. Du coup, les accidents du travail sont nombreux, « principalement dus à la manutention des personnes et aux chutes » et l’Assurance maladie fait état chaque année d’une constante augmentation de la sinistralité.
Le défaut de formation est un facteur de risque pour les personnes prises en charge comme pour les salariés. Autant qu’un facteur de stagnation professionnelle.
Comment évoluer en termes de qualifications et classifications sans formation professionnelle continue et adaptée ? Comment rendre un service de qualité ?
La CGT du Service à la personne prend des initiatives et accompagne les salariés du secteur qui entendent faire valoir leurs droits. Discussions avec les employeurs et leurs organisations, élections professionnelles, cas particuliers, mobilisations… le travail ne manque pas.
Depuis quelques années, d’autres services se font jour, plus axés sur des activités de confort. Aide aux devoirs ou aux démarches en ligne, bricolage, jardinage, livraison de repas… Le secteur, on l’a dit, est un fourre-tout.
L’avènement des nouvelles technologies a fait naître de nouveaux types d’emplois. Les livreurs à vélo notamment, travailleurs des plateformes numériques, sont des auto-entrepreneurs payés à la tâche, sans protection sociale et précaires. Un modèle qui a le vent en poupe puisqu’aujourd’hui, certaines enseignes privées d’aide à domicile imposent le statut d’auto-entrepreneur à leurs intervenants.
Pour un secteur en crise qui peine à recruter, la logique est sans doute à revoir.