Entre conseiller du salarié et salarié.e : l’enrichissement est mutuel
Portrait d'Elhadji Niang
Conseiller du salarié dans son département du Nord, Elhadji Niang apprécie beaucoup cette mission qui lui permet d’apprendre de chaque rencontre, d’accompagner et d’aider des salarié.e.s qui en ont besoin tout en faisant valoir le droit. Rencontre avec un homme engagé.
Un parcours syndical sans faille
Le sourire est radieux, le ton calme et le propos déterminé. Derrière son bureau de la fédération CGT du Commerce et des Services à Montreuil, Elhadji Niang parle volontiers de sa mission de conseiller du salarié. Avec clarté quand il s’agit d’en délimiter le périmètre et avec chaleur lorsqu’il en évoque l’aspect humain. Et c’est peut-être parce qu’il a « vécu des choses très dures » qu’il prévient : « Je ne refuse jamais d’aider quelqu’un qui souffre ».
Agent de prévention de la sécurité et de la sûreté aéroportuaire, Elhadji s’est syndiqué à la CGT en 2006. Il l'a fait parce qu’on ne lui payait pas ses heures supplémentaires et qu’il entendait bien faire valoir ses droits. Syndiqué, élu du personnel, secrétaire du CE, puis du CCE, son parcours syndical est linéaire et sans faille. En plus de ses heures de délégation et après sa journée de travail, chaque mercredi soir, Elhadji tient alors une permanence à l’UL de Lille, où il réside. « C’est là que j’ai beaucoup appris, en recevant des salarié.e.s issus de tous les secteurs et notamment des métiers les plus précaires, raconte-t-il. Je les écoutais, je les laissais parler, car certain.e.s en ont besoin. J’ai vu de la souffrance, des obligations légales non respectées, des fiches de paie mal établies, des congés inexacts… ».
Après ces deux années de permanence, il est invité à la commission exécutive (CE) de sa fédération. Il y découvre « une autre facette du travail syndical, avec des débats riches et posés contrairement aux rapports de force perpétuels avec les employeurs dans les entreprises ». Il pose sa candidature, est élu à la CE. Puis nommé conseiller fédéral. Un sans faute, en somme, reflet de son implication.
Revaloriser les salarié.e.s
Des divers aspects du syndicalisme, son rôle de conseiller du salarié est, selon lui, une importante source d’apprentissage et d’enrichissement. Il est contacté dans des cas d’entretien préalable au licenciement, de rupture conventionnelle ou de licenciement économique. Une fois qu’il a accepté d’accompagner la personne concernée, Elhadji considère qu’il est « très important de prendre le temps de discuter en amont de l’entretien, de faire le point et savoir ce que la personne souhaite au fond ». Des salarié.e.s veulent quitter l’entreprise, d’autres veulent rester, considérant que ce qu’on leur reproche n’est pas justifié.
« Au-delà des armes juridiques à disposition pour que l’issue soit conforme à la fois au droit et aux attentes, faire appel à un conseiller du salarié est un plus pour que les personnes soient en confiance. Car certaines ont peur d’affronter leur employeur », rappelle encore Elhadji qui s’efforce de les mettre à l’aise. « Quand j’affronte leur patron, que je le remets à sa place parce qu’il me prend de haut ou que je lui rappelle calmement les règles de droit, selon les cas, non seulement ça calme le jeu lors de l’entretien, mais surtout ça aide la personne que j’accompagne. Et ça la revalorise ».
Un accompagnement prenant mais humainement gratifiant
S’il y avait un bémol à la mission de conseiller du salarié, ce serait le manque de temps. Avec quinze heures de délégation, un champ d’intervention à l’échelle de son département, Elhadji estime ne pas avoir suffisamment de moyens. « Je prends sur mon temps personnel. Je travaille les dossiers le soir et le week-end. Je ne me vois pas dire à quelqu’un, désolé, mais je ne peux pas vous aider car je n’ai plus d’heures de délégation ». Si ce n’est pas un sacerdoce, ça y ressemble beaucoup.
Certes Elhadji déplore le manque de moyens, mais il n’est pas dans la complainte. Loin s’en faut, et ce n’est pas de nature à l’arrêter. « Car humainement, le fait d’être conseiller m’apporte une grande satisfaction. J’ai moi-même été dans des situations très difficiles au cours de ma vie, avec personne pour m’aider. Donc, lorsque aujourd’hui j’aide d’autres personnes, je suis en capacité de mesurer ce que je leur apporte. Et c’est très positif », conclut-il, sans se départir de son sourire.
- Vous voulez en savoir plus sur le rôle du conseiller du salarié, lisez cet article sur notre blog.
- Les conseillers du salariés sont désignés par les organisations syndicales. Par conséquent, il est extrêmement important de voter lors des prochaines élections pour le syndicat qui selon vous, vous représentera le mieux. Le vote aura lieu entre le 22 mars et le 4 avril 2021 (attention les dates ont changé). Pour en savoir plus, sur ces élections, cliquez ici.
Ça à l’air d’être super intéressant d’être conseiller du salarié , mais aussi très dur ! Qui peux l’être ? Et quelle formation doit on effectuer ? Peux t’on participer à l’étude d’un dossier pour voir comment ça ce passe et les difficultés rencontrées ?
Bonjour,
Il faut être membre d’un syndicat et il existe des formations. C’est effectivement un mandat trés intéressant. N’hésitez pas à vous lancer. Bien cordialement.