Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle, répond cette fois aux questions de Chrystel Jaubert. Il analyse la situation sanitaire et économique sous l'angle de la réforme en cours.

Une situation de plus en plus grave

"Sur 30 millions d'actifs, on compte 7 à 8 millions de personnes qui sont sans emploi ou dans un emploi précaire, c'est-à-dire 1/4 de la population active."

Pour Denis Gravouil, la crise sanitaire aggrave une situation qui n'était déjà pas glorieuse. A celle-ci s'ajoute le projet de réforme de l'assurance chômage, qui va toucher précisément les personnes en difficulté aujourd'hui, notamment les jeunes et les moins qualifiés.

Depuis l'arrivée de Macron au pouvoir, la pauvreté a augmenté en France. La crise provoquée par la Covid-19, selon lui, a été gérée au profit des plus riches. A tel point que, à cause de cette crise, on pourrait arriver à 10 millions de pauvres en France. Invraisemblable quand on pense qu'on est "un des pays les plus riches du monde" !

"A la croisée de deux mondes"

C'est ainsi que Denis Gravouil analyse l'opposition entre néolibéraux et les syndicats comme la CGT. Les premiers cherchent à réduire le plus possible les protections sociales existantes. Les seconds militent pour une protection sociale intégrale. Ils se battent aujourd'hui pour maintenir ce qui est déjà en place.

Se battre, il y a de quoi lorsqu'on regarde les chiffres. En effet, 40 % seulement des personnes inscrites à Pôle emploi sont indemnisées : "L'assurance chômage remplit son rôle pour 40 % des gens qui en ont besoin." Si on garde la même opposition, les premiers veulent faire baisser ces 40 %, la CGT veut les faire monter à 100 %.

Quid des négociations sur la réforme de l'assurance chômage ?

"De petits pansements sur une grave amputation", répond Denis Gravouil. Les négociations ont été lancées dès 2018 par le gouvernement. La crise sanitaire bloque l'avancée de la réforme depuis début 2020. La première partie devrait malgré tout entrer en vigueur en avril 2021. Denis Gravouil participe entretemps à une concertation avec le gouvernement pour améliorer certains points. Les réponses sont plus qu'insuffisantes, estime-t-il.

La CGT a donc la possibilité de proposer des propositions intermédiaires. Elle voudrait notamment ouvrir les droits dès 2 mois de travail. 875 000 personnes sont concernées, dont 60 % de jeunes !

Que faire pour endiguer les effets de la crise ?

On en est à 7,7 millions de chômeurs en France. Pour les aider aujourd'hui, il faut prolonger les droits de tous ceux qui arrivent en fin de droit. Et ce, jusqu'à ce qu'on puisse travailler normalement, au-delà de la crise sanitaire. Pour les aider demain, il faut ouvrir des bureaux d'embauche et accompagner toutes et tous vers l'emploi.

Mais tout commence vraiment par l'annulation de la réforme de l'assurance chômage. Venez l'exiger avec nous le 5 décembre prochain, lors d'une grande journée de mobilisation et de manifestation.

Denis GRAVOUIL, secrétaire général de la CGT spectacle

Tout ceci vous révolte ? Venez manifestez avec nous le 5 décembre. Mais pensez également à voter en mars-avril 2021 pour faire entendre votre voix ! On vous explique les élections représentativité (TPE) sur notre site dédié https://respecgt.fr/.

25 novembre, info de dernière minute : la lutte paye ! Depuis lundi, jour de l'interview, les choses ont changé favorablement :

« Le gouvernement avait décidé par des décrets s’appliquant au 1er novembre 2019 de baisser gravement les droits des chômeurs indemnisés et même de supprimer les allocations à nombre d’entre eux. La CGT, Solidaires, CGC et FO avaient saisi le Conseil d’État contre ces décrets ; ainsi que le Medef et plusieurs fédérations patronales pour des raisons diamétralement opposées. L’audience s’est tenue le 4 novembre 2020 et le Conseil d’État a rendu son jugement ce jour : il déclare illégale la disposition centrale des décrets gouvernementaux. »

Le Conseil d’État déclare illégal l’essentiel de la réforme de l’assurance chômage - 25/11/20

Les assistantes maternelles également sont concernées ! On vous explique tout par ici : Assurance chômage : l'estocade finale !

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