Elles exercent le même métier, mais pas dans les mêmes conditions de travail et de rémunération. Par rapport aux autres, les aides à domicile du secteur lucratif sont fortement pénalisées et ont du mal à se faire entendre. Le 23 septembre sera l’occasion pour ces salarié.e.s, divers.e.s, et leurs organisations syndicales de revendiquer des droits et des moyens pour assurer dignement leur mission, tous secteurs confondus.

Article écrit par Chrystel Jaubert

Des droits à plusieurs vitesses

Une aide à domicile peut en cacher une autre. Dans le secteur en effet, les salarié.e.s ne sont pas tous et toutes logé.e.s à la même enseigne. À titre d’exemple, les salarié.e.s du secteur lucratif sont très pénalisé.e.s par rapport au secteur associatif. Ce dernier va bénéficier d’une augmentation salariale de 13 à 15 % en moyenne au 1er octobre. Autre différence notable, le secteur associatif a une longue tradition de vie syndicale, au contraire du secteur lucratif où les organisations syndicales ont du mal à s’implanter. Éclatement du salariat, isolement, conditions d’emploi dégradées… Difficile dès lors, pour des salarié.e.s fragilisé.e.s, de connaître et faire valoir leurs droits. Et difficile aussi, pour les syndicats, d’aller à la rencontre de ces personnes.

Un véritable déficit de démocratie sociale

Depuis plusieurs décennies, toutes organisations confondues, les syndicats sont repliés sur leurs bastions : services publics, grandes entreprises et secteurs ayant une tradition syndicale ancienne. Or le travail change. De nouveaux métiers émergent et avec eux, autant de déserts syndicaux. L’ubérisation en est l’illustration parfaite. Mais le secteur lucratif de l’aide à domicile n’est pas en reste. Un exemple chiffré est particulièrement parlant. En 2020, sur 220 accords signés, seuls 19 % l’ont été par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ! Une conséquence directe de la mise en œuvre des ordonnances El Khomri puis Macron. Celles-ci ont profondément détricoté le Code du travail. Il existe désormais une sorte d’impuissance face aux décisions et aux politiques sociales des entreprises, puisque les accords d’entreprise prévalent. Ce qui constitue une injustice autant qu’un véritable déficit de démocratie sociale.

En mai 2020, la CGT affirmait en effet : « Conçus pour être porteurs de progrès social, les conventions ou accords collectifs sont très souvent utilisés par le patronat pour aboutir au moins-disant social ». La confédération appelait au contraire à revenir au principe de la négociation collective, créatrice de nouveaux droits. Elle revendiquait notamment d’imposer le Code du travail comme socle minimal applicable à l’ensemble des salarié.e.s, ne pouvant qu’être amélioré par accord, d’inscrire dans la Constitution le principe de faveur qui permet d’appliquer aux salarié.e.s la norme la plus favorable et de mettre fin à la possibilité de signer des accords dérogatoires d’entreprise moins favorables que les accords de branche.

Vers plus de solidarité intersyndicale

Malgré les efforts et leur engagement, les batailles menées par les syndicats pour la défense des droits des salarié.e.s ne semblent pas audibles. En attestent à la fois leur faible audience et les manifestations d’hostilité à leur égard qui foisonnent sur les réseaux sociaux.

Pourtant, compte-tenu du contexte et de fenêtres de tir de plus en plus restreintes, les organisations syndicales font tout ce qu’elles peuvent. Toutefois, sans les salarié.e.s, celles-ci ne peuvent faire de miracles. Et ce n’est sûrement pas sur les réseaux sociaux que les combats pour plus de justice sociale peuvent être menés. Au contraire, seule l’unité la plus large possible peut permettre de peser.

C’est là tout le sens de l’engagement de quatre fédérations de la CGT* pour le 23 septembre. Il s’agit bien d’organiser une solidarité entre toutes les organisations représentatives d’aides à domicile pour dépasser les faiblesses syndicales et revendiquer une amélioration des conditions de rémunération et de travail pour toutes ces personnes, quel que soit le secteur dans lequel elles exercent leur métier.

Certaines l’ont d’ores et déjà non seulement compris, mais mis en œuvre. En effet, à Perpignan, les aides à domicile des secteurs lucratif et associatif sont en train de créer un syndicat mixte. Son assemblée générale constitutive aura lieu début octobre. Une initiative qui, gageons-le, fera des émules. Et pourra avoir valeur d’exemple pour les aides à domicile qui, dans les territoires, voudraient s’organiser de la sorte.

En attendant, rendez-vous le 23 septembre pour une journée d’action et de mobilisations à la mesure des enjeux.

*Commerce et services, organismes sociaux, services publics, santé et action sociale

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