19 janvier, 31 janvier, 7 février, 11 février… Les mobilisations contre la réforme des retraites se succèdent et font le plein, bien au-delà des seules troupes syndicales. Le gouvernement ne cède pas, bien qu’une grande majorité de Français·es soient opposé·es à cette réforme. Le 19 janvier, trois assmats très remontées défilent à Paris. Elles témoignent. 

Un froid glacial dans les rues de Paris pour un premier pari… réussi.

19 janvier dernier, la première mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites a fait le plein. Dans le cortège, derrière le ballon de l’Union régionale CGT d’Île-de-France, trois assmats sont en grève. Elles disent en avoir expliqué la raison aux parents qui, selon elles, ont très bien compris. Au-delà de la réforme qu’elles refusent, elles attirent l’attention sur leur situation de salariées, déjà fragile, et de futures retraitées avec des pensions dérisoires. En filigrane, la question de la pénibilité de leur métier est posée. Comment s’occuper d’enfants jusqu’à 67 ans, voire davantage pour compléter leur pension ?  

3 assistantes maternelles témoignent... 

© Chrystel Jaubert 
3 assistantes maternelles témoignent
© Chrystel Jaubert

Emmanuelle, 47 ans, est claire :

« Je ne me vois pas jusqu’à 67 ans avec des bébés dans les bras. Déjà jusqu’à 62 ans, ce sera dur. J’ai un agrément pour 4 enfants, mais en ce moment, comme à d’autres moments, je n’en ai que 3.

Mes revenus sont en conséquence et je n’ose même pas aller faire une simulation de ce que sera ma pension de retraite, je sais qu’elle ne me permettra pas de vivre et je suis très inquiète ».

À ses côtés, Véronique, 56 ans, renchérit :

« Je manifeste parce que je pense qu’il faut revenir à la retraite à 60 ans. À mon âge, je suis déjà vraiment fatiguée, (23 ans de carrière en tant qu’assistante maternelle agréée, 1ère activité professionnelle dès l’âge de 16 ans pendant toutes les vacances scolaires, puis entrée réelle dans la vie active à 19 ans) mon dos commence à être douloureux, tout comme mes articulations et puis, je pense aux jeunes. Plus on partira tôt, plus vite ils arriveront sur le marché du travail. J’ai un agrément pour trois enfants et j’en garde effectivement trois, mais pas à temps plein.

En termes de salaire, c’est déjà difficile et je sais très bien que le niveau de ma pension ne me permettra pas de vivre. Chaque mois, je devrai faire un choix une fois le loyer payé, ce sera soit les factures, soit la nourriture. Je devrai continuer à travailler, soit en gardant des enfants, soit en faisant autre chose, bien obligée  pour vivre même pas décemment du fruit de mon travail.».  

Les assistantes maternelles ont un travail pénible, lever, porter les enfants, s’accroupir pour jouer avec eux, gestes répétitifs comme donner un biberon, donner le repas à la cuillère, nous n’y pensons même pas en début de carrière, puis avec l’âge, et les gestes répétitifs, arrivent les douleurs physiques.

J’accepterai éventuellement de travailler jusqu’à 62 ans mais guère plus alors je dis NON à cette réforme.

C’est là toute l’hypocrisie de cette réforme qui entend faire travailler plus longtemps des personnes déjà cassées par leur travail, la reconnaissance de la pénibilité n’étant pas à l’ordre du jour, jonglant avec de faibles revenus et se projetant en retraite avec un niveau de pension si bas qu’elles devront continuer à jongler ou poursuivre une activité. Hypocrite de surcroît sachant que seuls 62 % des seniors sont encore en emploi à l’âge de liquider leur retraite.

Maria, 61 ans, est pour sa part assez amère : 

« Ma retraite était prévue à 62 ans et quatre mois, mais finalement, je suis contrainte de poursuivre jusqu’à 67 ans pour avoir une pension à taux plein.

Comme on a des carrières hachurées, impossible de ne pas continuer à travailler. De toute façon, je n’aurai droit qu’à 900 euros par mois et avec ça, je n’irai pas loin. Je n’aurai donc pas le choix, si je veux vivre, il faudra encore que j’aie une activité professionnelle ». 

 

Prochaines manifestations prévues dans toute la France, les 7 et 11 février. Retrouvez le calendrier des manifestations sur mobilisations en france.cgt.fr

Et si vous voulez en savoir plus la question des retraites, c'est par ici : pourquoi travailler plus longtemps n'est pas possible

 

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