L’acte IV – La mobilisation contre la réforme des retraites continue
Samedi 11 février, les Français·es ont à nouveau arpenté le pavé pour s’opposer à la réforme des retraites.
Après trois journées de grève et de manifestations, l’intersyndicale a appelé à une mobilisation durant le week-end afin d’élargir le mouvement à celles et ceux qui ne peuvent se permettre de perdre des jours de salaire.
Quatre journées de grève sur un bas salaire, c’est lourd. Voire impossible.
Mais les mobilisations intersyndicales de samedi ont permis au plus grand nombre de rejoindre les cortèges.
De fait, en région comme à Paris, la participation a connu une nette hausse par rapport à l’acte III, le mardi précédent.
Du côté de la réforme, ça ne s'arrange pas
La veille en effet, l’Assemblée nationale entérinait l’article 1 de la réforme et donc la suppression de certains régimes spéciaux dont ceux de la RATP, des industries électriques et gazières, des clercs et employé·es de notaire, de la Banque de France et du Conseil économique, social et environnemental.
Boulevard du Temple, quelques assmats, dont l’une, non syndiquée et peu habituée des manifestations.
Sa sœur se dit « fière qu’elle ait franchi le pas (…) Tout le monde a bien compris que deux ans de plus, ce serait difficile ». Toutefois, elle ne comprend pas que ses collègues assmats ne soient pas davantage mobilisées.
Comme l’indique Eloy Fernandez, qui défile dans le petit groupe emmené par Stéphane Fustec, de la CGT du service à la personne,
« Les plus impacté·es ne sont pas forcément les plus mobilisé·es. Bien que conscient·es de ce qui se joue, difficile de les faire bouger ».
Une réforme qui mobilise... contre
Jusque-là, certain·es ne pouvaient pas se permettre de faire grève, mais ce samedi-là, c’est différent. Mêlé·es aux cortèges syndicaux, des familles, des citoyen·nes, syndiqué·es ou non, encarté·es ou non et des salarié·es de tous les horizons ont ainsi pu faire fi des raisons financières ou culturelles qui les empêchaient de se joindre au mouvement. D’autant que les transports n’étaient pas fermés et qu’ainsi, il a été plus facile de rejoindre les lieux de rassemblement.
Driss et Lou défilent avec leur petite fille pour la première fois. Tous les deux en CDD, respectivement dans le commerce et l’informatique, ils disent ne pas pouvoir risquer de se mettre en grève : « Même si la plupart de nos collègues sont contre la réforme comme nous, personne n’a parlé de grève. Ce samedi, on n’a pas hésité ».
Michelle est retraitée depuis trois ans et s’estime chanceuse. Arrêtée sur un trottoir avec deux de ses trois filles venues défiler avec elle, elle est « à toutes les manifs par solidarité, parce que ce gouvernement casse progressivement tous les acquis sociaux qui font notre société et parce que je ne veux pas que mes filles vivent dans un monde où c’est chacun pour soi, où si on a de l’argent on s’en sort et tant pis pour les autres ».
L’une de ses filles est étudiante, l’autre vient de décrocher son premier emploi : « Vous imaginez bien qu’après à peine un mois de travail, je n’ai même pas osé poser une journée de grève, mais un samedi, ça ne se rate pas ! ».
Les femmes, toujours plus défavorisées...
Les premières de corvée, premières impactées par la réforme, ne sont pas très visibles dans le cortège. Il faut dire que bien souvent, elles travaillent aussi le samedi.
Mais la phrase prononcée par la députée LFI Rachel Keke dans l’hémicycle,
« Vous n’avez pas le droit de mettre à genoux les gens qui tiennent la France debout »
est désormais déclinée en pancartes, le disputant à un florilège de bons mots portés sur des banderoles, de jolies pancartes ou un simple carton. « Ma pancarte est pourrie, ma retraite le sera aussi ». Si les défilés sont joyeux et cacophoniques, certain·es admettent toutefois leur amertume. Même les militant·es en conviennent, « on marche sagement, sans casse, on rentre chez nous et on remet ça quand on le peut. Le gouvernement s’en fout. Tant qu’on n’aura pas haussé le ton, on pourra toujours défiler, ça ne changera rien ».
« La balle est dans le camp de l’exécutif »
Hausser le ton, oui, mais comment ? Pour sa part, l’intersyndicale se dit préparée à « durcir le mouvement » et à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars prochain. Une date qui pourrait marquer le début d’un mouvement de grève dure et reconductible si le gouvernement persistait. L’intersyndicale de la RATP a d’ores et déjà appelé à la grève reconductible ce jour-là.
« Si le gouvernement n’entend toujours pas la détermination des travailleurs, de la jeunesse et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement (…), il devra assumer le blocage de l’économie de notre pays »
dit un communiqué de l’intersyndicale. Avant cela, l’acte V aura lieu le 16 février avec, une nouvelle fois, des défilés partout en France. De quoi laisser un peu de temps au gouvernement pour revenir sur sa réforme. Comme l’a indiqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, « la balle est dans le camp de l’exécutif ».
Et le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, sera cette année l’occasion de dénoncer massivement le caractère sexiste de la réforme des retraites. Rien n’est encore plié.
Prochaines manifestations prévues dans toute la France, le 16 février et le 7 mars Mobilisez-vous !
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