Tout au long de ces semaines, votre blog vous propose une série sur les crèches du secteur privé lucratif et plus particulièrement sur People & Baby, le groupe qui a développé l’accueil low cost des jeunes enfants en France.  

De quoi ce modèle économique est-il le nom ? Comment fonctionne-t-il ? Comment vivent les salarié·es du groupe ? Qu’est-ce que les dernières élections du CSE ont montré ? Des témoignages, le plus souvent anonymes, jalonneront ces articles. Bonne lecture.

La semaine dernière, nous avons dépeint le contexte dans lequel People & Baby a pu faire émerger son modèle économique et sociale. Entre réduction des couts et maximisation des profits, nous explorerons la création d’un modèle low cost. 

Crèches

Les pratiques douteuses de ces crèches

La success story de People & Baby a commencé en 2004. Depuis, sa croissance est impressionnante. Sa politique sociale, elle, laisse à désirer. Les salarié·es sont en souffrance, l’accueil se fait a minima et la défiance des parents grandit à mesure que les langues se délient. 

Le site web de l’entreprise l’affirme : « People & Baby s’est construit depuis ses origines sur un modèle innovant porté par un véritable engagement sociétal ». De belles promesses marketing ne correspondant pas tout à fait à ce que racontent les salarié·es et certains parents. Ce n’est pas non plus ce que racontent ses démêlés avec la Justice. Plusieurs plaintes de parents visent des établissements de People & Baby, lequel est aussi engagé dans différentes procédures. Depuis le drame survenu dans une crèche lyonnaise du groupe à l’été 2022, les témoignages affluent dans les medias sur la gestion low-cost des jeunes enfants dans les crèches People & Baby.  

Entre éloges en surface et contestations silencieuses 

Il est étonnant de prendre connaissance des résultats de l’enquête réalisée par l’entreprise deux fois par an auprès des parents. Ils font état de parents très très satisfaits qui ne tarissent pas d’éloges face caméra. Or en même temps, des collectifs de parents se montent, à l’inverse, pour dénoncer la maltraitance et les pratiques du groupe qu’ils ont rebaptisé Fric & Baby.

Cependant, impossible de trouver leurs témoignages en ligne, ceux-ci ayant « étrangement disparu des méandres d’internet » selon les autrices de Babyzness. Elles invoquent aussi l’intervention des services juridiques du groupe, depuis les menaces de procès en diffamation jusqu’au ménage du web et des réseaux sociaux. La profession et le lieu d’exercice de certains parents mécontents se seraient vus diffusés en ligne. Les autrices évoquent des cas où sous la pression, des parents ont retiré leurs témoignages et refusé de les rendre publics.  

crèches

Le long combat des salarié.es d’une crèche parisienne 

Par le passé, l’entreprise s’est également illustrée par des faits de discrimination syndicale. Quelques mois après avoir monté une section syndicale CNT dans leur crèche parisienne,  dénoncé « la privatisation de la petite enfance et les pratiques managériales » de leur employeur et organisé une grève pour dénoncer la modification de leur temps de travail, quatre salariées ont perdu leur emploi. Elles ont été accusé de manquements à l’hygiène et à la sécurité des enfants. Après des allers-retours dans différentes instances pendant quatorze ans, la Cour de cassation vient de rendre un avis favorable et les a reconnues victimes de discrimination syndicale. 

Polémiques dans la gestion des crèches  

People & Baby poursuit sa stratégie de croissance effrénée selon des méthodes douteuses qui lui ont valu encore une condamnation dans une affaire l’opposant à un concurrent. De même, dans le cadre de la libéralisation des marchés publics, People & baby obtient des marchés avec des collectivités, comme la Ville de Paris, ou certains ministères. Des parents obtiennent donc une place en crèche People & Baby via leur employeur. Certaines affaires ont éclaté : sous-effectif, conditions d’accueil dégradées, problèmes d’hygiène, turn-over... Là, encore, les parents se sont réunis en collectif et ont fait remonter les difficultés auprès de leur employeur, donc dans certains cas, un ministère. Sans effet. Sauf que les ruptures de contrat pleuvaient et que les parents se retrouvaient sans mode de garde pour leurs enfants d’un jour à l’autre.  

 Crèches

Pratiques préjudiciables en crèches

La CGT a cherché à obtenir des réponses. Silence. Selon People & Baby (réponse fournie à Mediapart), « Il nous arrive très rarement que certains parents ou entreprises mettent en cause subitement la qualité de l’accueil de la crèche après l’avoir plébiscitée pour écourter leurs délais contractuels de préavis de désengagement ». Ainsi, selon la direction du groupe, les parents inventeraient de mauvaises conditions d’accueil pour ne pas payer leur dû. Au fil du temps, People & Baby a créé de nombreuses petites structures, comme Flexi crèche, Crèches bio, Crèches pour tous, Modulo crèche, Fondation People & Baby pour l’enfance, crèches bilingues... L’entreprise est éclatée en structures singulières destinées à répondre, chacune, à des besoins spécifiques.

En conséquence, les salarié·es sont également très éclaté·es. On les a montré·es du doigt dans certains cas de maltraitance qui ont défrayé la chronique. Mais les témoignages anonymes de salarié·es en poste ou d’ex-salarié·es ayant démissionné racontent un climat social délétère et des conditions de travail difficiles pour des salaires dérisoires. Tricher, sous-dimensionner, économiser. Tel semble être le triptyque de la maison. Avec, pour celles et ceux qui voudraient faire valoir certaines doléances, des fins de non-recevoir et ce mantra, « la porte est ouverte ». 

People & Baby, c’est… 

  • 10 600 employé·es dans le monde dont 6200 en France (2022)
  • 700 établissements en France et une implantation dans 12 autres pays avec environ 150 crèches
  • 33 000 enfants gardés chaque jour
  • 86 669 337 euros de chiffre d’affaires (2020)
  • En 2022, le taux de croissance en nombre de places est de 31 %

 

La semaine prochaine nous évoquerons la nécessité d’un rapport de force. Il sera temps de se questionner sur ce que la démocratie sociale pourrait permettre si chacun de nous se mobilisait et mobilisait son entourage pour voter et faire voter en entreprise.  

Mobilisons-nous pour faire entendre la voix des travailleurs pour une société plus juste et plus équitable. Syndiquons-nous !

N'hésitez pas à lire les autres articles de notre blog à ce sujet :

https://sap-cgt.social/2024/02/13/creches-privees-la-serie-de-fevrier/

 

 

 

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