Introduction

À l’occasion d’un entretien mené par Chrystel Jaubert, le sénateur communiste Fabien Gay revient sur les conclusions de la commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux entreprises. Il y défend une meilleure transparence et appelle à conditionner les aides publiques à des critères de justice sociale et d’égalité. Dans cet échange, il évoque particulièrement le secteur de la petite enfance, qu’il estime essentiel au lien social, et dénonce les effets sexistes de l’austérité budgétaire sur les métiers féminisés et les services publics.

Lire la première partie de l'entretien : https://sap-cgt.social/2025/11/06/assistantes-maternelles-fabien-gay-appelle-a-une-revalorisation-du-metier/

Conditionner les aides publiques à la qualité et à la formation

Vers un pôle public de la petite enfance

Vous êtes le rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale « Transparence et évaluation des aides publiques aux entreprises… » qui a remis la question de la conditionnalité des aides publiques au centre du débat. Quid de la petite enfance ?

J’ai voulu à travers ce rapport faire la lumière sur les dispositifs d’aides publiques aux grands groupes (plus de 1000 salarié·es), mais il faut poursuivre ce travail à d’autres entreprises ou d’autres secteurs. J’en reviens à cette idée qu’il y a des moments de la vie où la collectivité doit accompagner et mieux encadrer les êtres en formation et les plus fragiles.

Plus que des aides publiques à un secteur, c’est un pôle sous contrôle public qui doit être établi. Les préconisations du dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales appellent notamment à un meilleur lien entre tous les acteurs de la petite enfance.

Je dirai que le service public doit être renforcé dans la petite enfance par les structures d’encadrement et d’accompagnement. Pour les assmats qui souhaiteraient garder un statut avec un particulier employeur, je pense qu’il faudrait conditionner les aides publiques à davantage de formation et des critères de qualité élevés.

L’austérité, un frein à l’égalité

Une politique budgétaire aux effets sexistes

Comme Attac ou d’autres organisations syndicales, la CGT affirme que l’austérité budgétaire est sexiste. Qu’en pensez-vous ?

Chaque politique d’austérité fait reculer des budgets publics dédiés à la solidarité, aux services publics et affaiblit les groupes et les personnes qui en bénéficient ou qui y travaillent. La fonction publique est majoritairement féminine (64%) et elle n’a jamais autant été discréditée et brutalisée. Les métiers majoritairement féminins sont d’ailleurs très souvent présentés négativement même quand ils sont très qualifiés. Vous avez déjà vu un plan d’austérité porter l’égalité salariale ? Non, car cela toucherait à la part du capital. Les femmes subissent les temps partiels, sont majoritaires dans les métiers à bas salaires. L’austérité les maintient dans l’injustice.

Pour un progrès social féministe

Oui, l’austérité a une dimension sexiste puisqu’elle accentue les inégalités entre les femmes et les hommes. Elle s’attaque d’ailleurs aux politiques de prévention, de protection pour les femmes et les enfants. Quand les services publics reculent, ce sont les idées réactionnaires qui progressent. En plus des conséquences pécuniaires, il y a aussi des conséquences idéologiques.

Combattre l’austérité, c’est la refuser, mais aussi porter des mesures de progrès social. L’égalité salariale, la hausse généralisée des salaires sont des mesures féministes. Il faut aussi gagner la bataille des idées auprès des travailleur·ses car les structures patriarcales ont la vie dure même pour celles et ceux qui défendent des idées progressistes. Je sais que la CGT y travaille courageusement pour faire bouger les consciences. La lutte et l’organisation restent les meilleurs leviers pour y arriver.

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