Samedi 23 novembre, à l’appel du collectif féministe #NousToutes et de 400 organisations, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la France contre les violences faites aux femmes. Une manifestation féministe signée #NousToutes.

Reportage dans le cortège parisien par Chrystel Jaubert

Une mobilisation historique pour les droits des femmes et des minorités de genre

80 000 manifestant·e·s pour la cause féministe

C’était une marche à la croisée de toutes les luttes féministes. Selon le collectif #NousToutes, 80 000 personnes ont défilé dans la capitale samedi, à deux jours de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. De la gare du Nord à la place de la Bastille, une nuée de pancartes violettes aux slogans divers : « 1000 féminicides sous Macron #état coupable », « Un·e enfant n’est jamais consentant·e », « La transphobie tue », « Plainte ou pas, je te crois », « Pour un consentement libre, éclairé, réversible et spécifique » ou encore « Mères isolées précarisées ».

L’ambiance oscille entre chants, musique, chorégraphies, moments plus graves et recueillement. Mais c’est la détermination qui domine.

Slogans engagés sur les pancartes de la marche féministe #NousToutes
©Chrystel Jaubert

Des revendications fortes portées par le collectif #NousToutes

Les violences dénoncées par les manifestant·e·s

Que les violences soient sexuelles, sexistes, physiques, psychologiques ou économiques, qu’elles aient lieu dans l’espace public, dans l’espace privé ou sur le lieu de travail, la détermination à générer « un sursaut » est en effet très forte. 

Le procès de Mazan, un symbole de colère

Pancarte violette gisele mazan
©Chrystel Jaubert

D’autant plus forte que le procès des violeurs de Mazan a décuplé la colère. Des pancartes représentent la victime, Gisèle Pélicot, ou lui apportent un soutien signalé d’un #jesuisGisèle ou d’un « La honte doit changer de camp ». Toutes espèrent une condamnation sévère de la cinquantaine de mis en cause dans ce procès et une volonté politique à la hauteur. Des pancartes faites maison dénoncent en effet une réponse judiciaire, politique et institutionnelle en dessous de tout. Beaucoup de femmes disent que leur violeur n’a jamais été inquiété, qu’il est libre d’aller et venir... Quand elles, sont marquées à vie et que « peut-être pas tous les hommes, mais tous des hommes ». « Violeur t’es foutu, on est toutes dans la rue », scandent-elles notamment.

Les voix des victimes et des proches résonnent à la manifestation #NousToutes

Témoignages bouleversants au cœur de la marche

Au gré de la manifestation, ce qui frappe surtout, c’est le nombre de femmes se disant victimes de viol, d’inceste, de coups ou de violence institutionnelle. L’affichant, le clamant. Les proches de victimes de féminicides sont très visibles. Elles abordent des photos renseignées et circonstanciées, sur des pancartes individuelles comme sur leur banderole commune. Certain·es rappellent le nombre de plaintes restées lettres mortes. Ces plaintes contre un ex ou un conjoint violent qui finit par passer à l’acte. Elles fustigent l’incurie de la police. Mais également l’absence de dispositifs pour mettre les victimes à l’abri avant qu’il ne soit trop tard. L’Union nationale des familles de féminicide rend hommage à Stéphanie, Hilal, Natacha, Sofya… La liste est longue. 

Pancarte dénonçant les féminicides lors de la marche #NousToutes
©Chrystel Jaubert

Hommages aux victimes de féminicides

Le nom de nombreuses victimes sera d’ailleurs prononcé à voix haute, à la fin de la manifestation, sur les marches de l’Opéra Bastille. Glaçant malgré l’émotion et les bougies. Les organisations précisent que 1000 féminicides ont eu lieu depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron qui, rappelons-le, en avait fait sa « grande cause ». De quoi rire si le sujet n’était aussi grave. La justice -ou plutôt l’absence de justice- revient souvent.

L’appel à des mesures concrètes lors de la marche féministe #NousToutes

Une loi-cadre pour répondre à un problème massif

Ce constat du manque d’action du gouvernement est largement partagé. Les organisations signataires de l’appel, réunies dans la Coalition féministe, réclament à ce propos une loi-cadre intégrale* avec 130 mesures législatives, règlementaires et budgétaires élaborées « pour qu’enfin, les pouvoirs publics apportent une réponse globale et cohérente à ce problème massif ». 

Pour découvrir en détail les 130 mesures proposées dans le cadre de la loi-cadre intégrale portée par la Coalition féministe, rendez-vous sur le site dédié : loi-integrale.fr.

Ceder n'est pas consentir - Manifestation feministe Novembre 2024 - #noustoutes
©Chrystel Jaubert

La CGT exige des moyens contre les violences sexistes et sexuelles

Parmi elles, la CGT qui exige « des actes, des moyens et une politique ambitieuse de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans la vie comme au travail ». Car le lieu de travail n’est pas épargné par les VSS : 9 % des viols ou tentatives de viol ont lieu au travail et 30 % des salariées ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail. 

Justice complice pancarte manifestation feministe
©Chrystel Jaubert

Des obligations non respectées par les employeurs

Les employeurs quant à eux sont nombreux à ne pas respecter leurs obligations en matière de prévention, de protection des victimes et de lutte contre les VSS. Outre l’adoption de la loi-cadre intégrale, la CGT réclame la mise en place de sanctions pour les contrevenants, un bilan rigoureux des mesures de 2018 (la loi Sciappa visant à améliorer la répression des VSS, ndlr) et l’identification de nouvelles dispositions à adopter, des droits pour protéger les victimes de violences conjugales (abrogation des jours de carence en cas d’arrêt maladie, interdiction de licenciement, droit à absences rémunérées pour faire des démarches et droit à la mobilité géographique et fonctionnelle) ainsi qu’un accès aux soins garanti avec le remboursement à 100% des consultations en psycho-traumatologie pour les victimes. 

Sophie binet, cortège de la manifestation #NousToutes 2024
©Chrystel Jaubert

L’accompagnement syndical pour les victimes de violences au travail

Comme l’indique Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, présente en tête de cortège, « Il faut bien sûr des moyens supplémentaires pour les représentant·es du personnel, notamment dans les petites entreprises et que les syndicats puissent accompagner les victimes même quand il n’y a pas de syndicat dans l’entreprise comme c’est le cas pour les salariées du particulier employeur ».

Entretien avec Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

La précarité, un facteur aggravant des violences sexistes et sexuelles

Pour la CGT en effet, « Depuis quelques années, les VSS au travail apparaissent sous une lumière crue : le problème est massif et grave et touche les femmes et les minorités de genre de toutes professions, du secteur privé comme public et toutes catégories socioprofessionnelles ». Mais la précarité constitue un facteur aggravant. 

Solidarité entre manifestant·e·s au sein de la marche #NousToutes
©Chrystel Jaubert

Une marche féministe #NousToutes pour toutes les femmes

L’impact des violences dans les métiers féminisés

Dans le cortège samedi dernier, beaucoup de femmes précaires, des mères isolées, souvent racisées, qui ne veulent plus passer sous les radars et dénoncent le racisme et l’acharnement dont elles sont victimes au travail comme dans les quartiers populaires où elles résident. 

La grève des salarié·e·s d’Onela 

Non loin du Collectif des mères isolées, quelques représentantes d’Onela, l’entreprise de services à la personne dans laquelle, depuis onze mois, des salarié·es sont en grève pour dénoncer leurs conditions de travail et de rémunération. Comme toutes celles qui exercent des métiers féminisés, socialement essentiels et qui, en retour, n’ont jamais la reconnaissance qui leur est due. 

Un moment fort de la manifestation féministe #NousToutes

Découvrez un extrait vibrant de la manifestation, où les participantes dansent et chantent ensemble. Ce moment, soigneusement préparé, illustre la créativité et la solidarité du mouvement. Une belle démonstration de force et d’unité dans la lutte féministe.

Une convergence des luttes féministes et sociales lors de la marche #NousToutes

Une marche pour toutes les luttes féministes

Ce fut une marche à la croisée, donc, de toutes les formes de violences faites aux femmes, aux enfants et aux minorités de genre. Et de toutes leurs luttes.

Lire notre article sur la manifestation féministe #NousToutes de 2023.

Allons voter pour défendre nos droits

Saisissons-nous des élections TPE, très petites entreprises, dont font partie les salariés du particulier employeur. Ces métiers sont souvent occupés par des femmes. N’oublions pas d’aller voter. Défendons nos droits. Du 25 Novembre au 9 Décembre 2024. 

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