Journée nationale des assmats : la coupe est pleine
Pétitions, mobilisations, interpellations d’élus… Les assmats ne baissent toujours pas les bras malgré le vote de l’article 49 du PLFSS.
Pas question pour elles d’accepter le flicage et les sanctions. Hier, mercredi 20 novembre, elles organisaient un rassemblement sous les fenêtres de la ministre de la Santé et des Affaires sociales. Leurs doléances sont aussi claires que leurs mots d’ordre. Les assmats continuent à s’opposer fermement à l’article 49 du PLFSS examiné à l’Assemblée nationale du 12 au 19 novembre et voté par les députés. C’est un véritable point de crispation.
Au lendemain de leur journée de grève nationale motivée par le même article 49, les assmats d’Île-de-France se sont rassemblées hier matin devant le ministère de la Santé et des Affaires sociales.
Bravant le froid, elles ont été une trentaine à battre le pavé, deux heures durant. Certaines avec leur gilet rose sur le dos, toujours soutenues par la CGT et FO. Isabelle, assmat de l’Essonne, expose les choses d’emblée : « On s’oppose à ce que nos coordonnées soient communiquées sur un site public non protégé et on s’oppose à l’obligation de réactualisation régulière de nos disponibilités d’accueil sous peine de sanctions allant jusqu’au retrait de l’agrément. »
Il faut dire que l’article 49 n’y va pas de main morte, qui entend ainsi mettre en adéquation l’offre d’accueil et la demande et introduit à cet effet des mesures contraignantes pour les EAJE (établissements d’accueil des jeunes enfants) et les assmats. Presque tous les EAJE sont déjà référencés sur monenfant.fr, le site de la CNAF en question. Il faut dire que cette inscription conditionne le versement de subventions, qu’il s’agisse d’investissement ou de fonctionnement. En revanche, si 75 % des assmats sont enregistrés sur ce site, une infime partie (16,5 %) met à jour ses disponibilités d’accueil. Du coup, l’article 49 leur impose désormais de le faire et « a pour objet de subordonner l’agrément à l’acceptation par les assmats à la publicité de leurs coordonnées via le site monenfant.fr ».
Elles doivent aussi renseigner leurs places disponibles pour l’année à temps plein ou temps partiel ainsi que leurs horaires d’accueil. Elles sont tenues de compléter leurs places disponibles au fur et à mesure qu’elles se libèrent. Dans l’ordre, telles sont les sanctions en cas de non-respect des obligations : avertissement, puis signalement à l’animateur de RAM et enfin, retrait d’agrément.
Les assmats ne sont pas des haltes-garderies !
« Ils veulent qu’on devienne des haltes-garderies, au mépris du confort des enfants et de notre libre-arbitre », estime Françoise, assmat de l’Essonne également. Ces mesures ne tiennent en effet aucunement compte des spécificités de la profession. Un peu la même rengaine, en somme, que lors de la négociation de la nouvelle convention Unédic ! Sauf que les assmats, avec leurs gilets roses, ont obtenu le maintien de leur allocation pour activité réduite (ARE). Mais Françoise redoute que l’article 49, à terme, ne laisse place à une nouvelle offensive contre l’ARE, « pourtant conservé de haute lutte ». Cécile, assmat du Val d’Oise, a manifesté avec les gilets jaunes comme avec les roses, alors qu’elle n’avait jamais manifesté auparavant. Elle fait le lien avec le climat social général, la réforme de l’assurance-chômage, celle de l’agrément et celle des retraites, avec la grande mobilisation du 5 décembre qui se profile. « Pour nous, la grève est quasiment impossible, alors on réfléchit à d’autres formes de mobilisation. Par exemple, hier, j’ai accueilli les enfants, mais je portais des badges revendicatifs et j’expliquais aux parents ce qui nous arrive ».
Un petit groupe se forme autour d’elles. Une assmat tend son téléphone pour que toutes puissent voir les dessins réalisés par les enfants, « des pieds et des mains pour ma nounou », envoyés à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, par les assmats ne pouvant se mobiliser. Une autre raconte les interpellations des maires, députés, sénateurs, présidents de conseils départementaux : « Ils tombent des nues et sont vraiment peu au fait de ce qui se passe. À moins qu’ils ne fassent semblant. » Isabelle reprend la parole pour expliquer que, depuis un an, une réflexion est en cours sur les modes d’action à décliner. Mais selon elle : « Le plus important, c’est surtout que les collègues soient bien informées pour pouvoir décider d’agir selon leurs possibilités ». Et aucune ne semble vouloir baisser les bras.
*Pour consulter tous les articles du PLFSS 2020 (projet de loi de finances de la Sécurité sociale) :